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Être avancé spirituellement… pouvons-nous l’être réellement?

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J’observe dans les médias sociaux -depuis un certain temps- comment les élèves traitent leurs professeurs de yoga. On peut ressentir une certaine idéalisation de ceux-ci parce qu’ils sont capables d’exécuter des postures physiques très difficiles: ils sont beaux, ils sont vus avec beaucoup d’inspiration et sont considérés spirituels. La société et les médias renforcent aussi l’idée que plus un professeur exécute des postures difficiles, plus il est avancé spirituellement. On juge l’évolution ou l’avancement d’une personne par son physique, ses postures et par certains choix. Ceci fait en sorte que les élèves courent derrière une image, les professeurs voient leur ego grandir et dans les deux cas, il y a attachement et illusion.

Le yoga nous aide à nous découvrir, à rencontrer notre être profond, celui qu’on est vraiment, cet être pur, qui n’a pas de sexe, ni de profession, ni de nom, cet être qui juste « est ». À notre naissance, on reçoit un prénom et nom: ceux-ci façonnent notre façon d’agir, de penser et de « se croire » (timide, pas capable ou au contraire fort, créatif, etc.). Notre famille nous délègue ses bagages, son passé et on les traîne sur nos épaules en croyant fortement que ceux-là nous appartiennent. Ensuite, la société nous impose: une image, une façon de s’habiller, de marcher, de parler et encore une fois, on pense que nous sommes comme ça. Quand en réalité, nous ne sommes rien de tout ceci.

Le yoga nous aide à enlever les couches produites par nos bagages familiaux, par la société et par notre passé et nous permet d’aller aux profondeurs de notre être. On commence à se rendre compte comment la famille, la société et le travail peuvent avoir un impact sur nous, mais le plus important est qu’on réalise que nous ne sommes pas obligés de les croire et de les suivre: nous nous rendons compte que ce sont des illusions et que nous avons le pouvoir sur notre vie. Ensuite, avec beaucoup d’amour, de compassion, de compréhension, de persévérance, le changement s’amorce, on commence à enlever des vieilles racines, modèles, habitudes, pour implanter des nouvelles graines. Se détacher de ce qu’on pense est réel, se détacher d’une image, d’un nom, d’une profession, d’un statut social, du passé et des autres pour accueillir le changement, la non-permanence de la vie.

Ces changements peuvent commencer par les changements d’amis, de nutrition, de profession, ou par des voyages. On peut voir des professeurs de yoga qui font des changements qui peuvent être pour certains des changements drastiques ou très inspirants. Encore là, qualifier une action de drastique ou d’inspirante peut être l’influence de son passé, de son parcours. Si les actions qui mènent au changement sont faites dans la pleine conscience, dans l’amour, la compréhension et même dans le pardon, alors elles ont du sens pour la personne qui les accompli et la personne peut se détacher de l’opinion de l’autre.

Ensuite, là où il peut y avoir danger, c’est quand la personne dans sa nouvelle vie s’attache à cette nouvelle image d’elle-même. Oui, un professeur de yoga peut être attaché à cette « image de prof de yoga », « végétarien », peut s’attacher à sa « nouvelle tête » et aux postures compliquées. Ce n’est pas parce qu’une action nous a aidé dans le passé que dans le futur elle sera utile. Tout change, on vit dans le changement, il faut en être conscient puisqu’on peut s’attacher à cette nouvelle image et à nouveau penser qu’on n’y est pas attachée et stagner: c’est là où les médias sociaux nourrissent ce nouvel attachement.

Le détachement et l’évolution dites spirituelle s’effectuent à tous les jours: à travers nos pensées et nos actions. Ce n’est pas une finalité, mais bien une continuité, c’est un travail de tous le jour et penser que c’est réussi peut vouloir dire le contraire. Ce n’est pas parce qu’on peut faire une posture super compliquée physiquement qu’on est plus avancé spirituellement:cette évolution ne peut pas se mesurer, se quantifier, puisque tout ce qu’on vit nous sert d’apprentissage et d’évolution. ll n’y a pas de régression. Je ne peux pas dire qu’une personne est plus spirituelle qu’une autre parce qu’elle a fait certains choix ou changements. Un prof de yoga qui place ses jambes derrière sa tête n’est pas nécessairement plus spirituell qu’un autre. On ne sait pas ce que la personne a dans le cœur, ni quelles sont ses intentions les plus profondes qui la guident, on ne peut pas juger l’extérieur. C’est pour cela qu’être débutant, intermédiaire ou avancé dans le yoga n’existe pas vraiment.

Vivons notre vie en se détachant de l’opinion de l’autre, de ce qu’on pense qui est réel, de cette image figée de soi, des autres et du monde. Allez au-delà de ce que votre mental pense, franchissez vos peurs, faites les changements que votre cœur vous dit de faire, écoutez le silence intérieur pour être dans le discernement et non pas dans le mental qui est conditionné. Pour sortir de l’attachement, soyez votre propre observateur, soyez égal devant les changements que la vie nous apporte et les humeurs. Soyez dans la non-attente d’un résultat, d’une finalité, mais nagez avec le courant de la rivière. Faisons les changements, mais faisons-les avec notre cœur et profondément.

Swami Saranyananda

Source
Antonella Morun

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