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Résolvines : les anti-inflammatoires de demain ?

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Pathologies inflammatoires chroniques articulaires ou digestives, endométriose, syndrome des ovaires polykystiques, maladies auto-immunes… Tous ces troubles ont en commun une dérégulation du phénomène inflammatoire. D’aigu, il devient chronique, avec entretien, voire aggravation, des symptômes, dont les douleurs, et attaque inflammatoire des organes avoisinants, et parfois même de tout l’organisme. Les résolvines, des molécules qui seraient jusqu'à trente fois plus puissantes que les acides gras dont elles sont dérivées (EPA - DHA), semblent être très prometteuses pour leur prise en charge. Tour d’horizon de leurs propriétés.
Article mis à jour le 12/05/2023 par La rédaction

L’inflammation aiguë est un processus protecteur normal et essentiel au bon fonctionnement de notre organisme (1). Lorsque l’inflammation se passe correctement et qu’elle est contrôlée, elle aboutit à une résolution rapide avec réparation des tissus lésés. En cas de dérèglement, l’inflammation continue, devenant chronique, puis finit par détruire les tissus.

L’inflammation chronique est au centre de nombreuses pathologies : osseuses (arthrite), cardiovasculaires (athérome, thrombose, myocardites), neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson), auto-immunes, asthme, etc. Par ailleurs, il a été démontré qu’une inflammation à bas bruit, si elle est permanente, augmente le risque de développer un cancer.
Que sont et à quoi servent le DHA et l’EPA, ces acides gras insaturés à longue chaîne ?

Dans la lutte contre l’inflammation pathologique, on connaît bien les acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPILC) de type oméga-3 provenant des organismes marins (poissons, algues) : le DHA (acide docosahexaénoïque) et l’EPA (acide eicosapentaénoïque). Ces oméga-3 sont constitués de 22 atomes de carbone disposés en chaîne linéaire ; ils exercent des actions anti-inflammatoires (dites aussi « prorésolution » ou « résolutives ») ainsi que des effets protecteurs et régulateurs au niveau cardiaque et antiagrégants plaquettaires (c’est-à-dire anticoagulants) bien documentés.

Ces propriétés les rendent particulièrement pertinents pour le maintien d’une santé optimale, notamment pour la prévention des troubles neurologiques liés à l’âge (2) et la préservation d’une bonne santé cardiovasculaire (3). Notre organisme est capable de produire du DHA, mais de façon beaucoup trop insuffisante pour répondre aux besoins du corps : il est donc nécessaire de les apporter par un régime alimentaire équilibré comprenant notamment des poissons gras ou certaines algues. Mais notre régime étant rarement équilibré, beaucoup de personnes sont carencées en oméga-3 à longue chaîne – DHA ou EPA Les prérésolvines, l’arme anti-inflammatoire des oméga-3

Si le DHA et l’EPA sont indispensables pour lutter contre l’inflammation, ils sont en réalité les précurseurs d’autres molécules : les oxylipines, terme englobant les prérésolvines et les résolvines (et en réalité tous les lipides oxydés).

Après avoir été ingérés, le DHA et l’EPA sont transformés par diverses enzymes de l’organisme (cyclooxygénases, lipoxygénases) – ici, le rôle des enzymes est de rajouter des atomes d’oxygène à des endroits précis des molécules de DHA et d’EPA. Ces nouveaux composés sont des structures chimiques intermédiaires et transitoires appelées « médiateurs prorésolution » (SPMs :Specialized Pro-resolving Mediators), ou encore « prérésolvines ». Ils continuent ensuite leur transformation en résolvines, qui sont les anti-inflammatoires réellement actifs, présents dans les organes comme dans les fluides de l’organisme.

L’ingestion de DHA et d’EPA – qui ne détiennent donc pas de propriétés anti-inflammatoires en eux-mêmes – augmente les concentrations en véritables agents anti-inflammatoires d’origine lipidique, les résolvines. Mais la transformation du DHA et de l’EPA en résolvines est dépendante de notre capacité enzymatique, une capacité très variable selon les individus. C’est pourquoi l’ingestion directe de prérésolvines, en limitant les aléas transformationnels, pourrait être une solution pour profiter pleinement des propriétés anti-inflammatoires, puissantes mais indirectes, des oméga-3.Les prérésolvines : rôles et intérêts

Les prérésolvines (SPMs) interagissent les unes avec les autres et sont impliquées dans la guérison de l’inflammation (déclenchée par une infection ou non), la cicatrisation des plaies (externes comme internes) et la protection des neurones. Elles peuvent agir directement sur le site inflammatoire pour réduire, voire supprimer, l’inflammation, mais sans affecter la réponse immunitaire comme d’autres anti-inflammatoires tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (4-7) (AINS). Elles agissent également directement et spécifiquement sur les tissus où elles recrutent et activent des cellules immunitaires (8). Lors d’une inflammation, ces dernières se déplacent en effet en grand nombre à l’endroit concerné et s’accumulent pour participer à la résolution du problème. Cependant, lors de pathologies inflammatoires chroniques, les cellules immunitaires sont excessivement activées et participent, de ce fait, à l’entretien de l’inflammation au lieu de la juguler (9).

Les « bébés » cachés des oméga-3

L’organisme est capable – sous réserve d’un apport suffisant en acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPILC) – de fabriquer différentes séries de prérésolvines transformées en résolvines, mais aussi des protectines et des marésines, dont on ne comprend que depuis peu l’étendue des propriétés. Cependant, comme nous l’avons expliqué, la quantité finale obtenue de tous ces composés est très variable, car dépendante de la disponibilité des enzymes.

Parmi les prérésolvines dérivées des AGPILC les plus étudiées actuellement, citons :

- Les prérésolvines de la série D (RvD) dérivées du DHA avec par exemple le 17-HDHA (acide 17-hydroxy-docosahexaénoïque) qui donne naissance notamment aux résolvines D1 (RvD1), D2 (RvD2), D3 (RvD3) et D4 (RvD4).

- Les prérésolvines de la série E (RvE) dérivées de l’EPA, avec notamment le 18-HEPE (acide 18-hydroxy-eicosapentaénoïque), produisant les résolvines E1 (RvE1), E2 (RvE2) et E3 (RvE3) notamment.

En dehors des prérésolvines, d’autres composés dérivés du DHA intéressent les chercheurs, notamment les protectines, dont la (neuro)protectine D1 (NPD1), et les marésines, dont la marésine 1 (MaR1), dont le précurseur est le 14-HDHA (acide 14-hydroxy-docosahexaénoïque).

Nul besoin de connaître toutes ces cascades chimiques complexes de transformation des lipides dans l’organisme pour intégrer le plus important ici : ces molécules dérivées des AGPILC constituent une nouvelle approche thérapeutique dans le cadre de diverses pathologies inflammatoires (10, 11). L’identification progressive de leurs structures chimiques a permis de comprendre qu’elles sont responsables en grande partie des bénéfices attribués au départ au DHA et à l’EPA, même si les mécanismes d’action moléculaires spécifiques de la plupart d’entre elles restent encore peu clairs (10, 12-14).
Les prérésolvines, des molécules puissantes dorénavant disponibles en compléments alimentaires

Les prérésolvines favorisant la résolution de l’inflammation, l’élimination des micro-organismes, réduisant la douleur et soutenant la régénération tissulaire (15), elles ont donc retenu toute l’attention des chercheurs, d’autant plus qu’elles peuvent agir à des doses extrêmement faibles, de l’ordre du nanogramme (un milliardième de gramme) et du picogramme (un millième de milliardième de gramme). Elles seraient jusqu’à trente fois plus puissantes que les oméga-3 dont elles sont dérivées.

Mais alors, pourquoi n’entend-on parler des prérésolvines de manière moins confidentielle que depuis très récemment ? Il faut savoir que les huiles de poissons n’en contiennent naturellement que de très faibles quantités, rendant difficile une extraction jusqu’à il y a peu. Cependant les progrès technologiques actuels ont permis d’établir des procédés d’extraction et de purification permettant de concentrer et de doser les prérésolvines. Les laboratoires sont maintenant capables de les proposer sous forme de capsules, permettant ainsi de court-circuiter la première étape de transformation qui doit normalement avoir lieu dans l’organisme, mais dont le rendement est, comme expliqué, aléatoire.Les résultats des études sur les douleurs articulaires

En pratique, quel est l’intérêt des prérésolvines et des résolvines dans la prise en charge de certaines pathologies ? Plusieurs études chez l’animal ont révélé l’efficacité de l’administration par voie orale des résolvines E1 (RvE1) et D1 (RvD1) pour réduire la douleur inflammatoire aiguë d’une part (16) et la douleur chronique associée à l’arthrite d’autre part (17). Plus particulièrement, ce traitement permet de réduire la sévérité et l’inflammation de l’arthrite, tout en protégeant le cartilage (18). Cependant, la problématique de l’administration directe des résolvines est leur dégradation rapide dans l’organisme avant d’avoir eu le temps d’entrer en action. L’une des solutions résiderait dans l’administration des précurseurs de ces molécules, les prérésolvines, qui permettent d’obtenir un effet anti-inflammatoire et anti-douleurs significatif, comme le prouvent les études.Chez l’animal, l’administration de 17-HDHA a permis de réduire la douleur dans un modèle d’arthrose (19), avec un mécanisme d’action suggérant un effet potentiel direct sur les nerfs sensitifs ou au niveau du système nerveux central.

Mais qu’en est-il chez l’être humain ? En 2017, une équipe de chercheurs a mis en évidence le lien entre le taux sanguin de 17-HDHA et la réduction de la sensibilité à la douleur causée par une brûlure ou de l’ostéoarthrite (20), indépendamment des taux de DHA (qui n’est donc pas la molécule réellement active). Une étude clinique publiée en 2020 (21) a regroupé 44 adultes souffrant de douleurs chroniques d’intensité modérée à forte depuis plus de 3 mois. Le traitement de quatre semaines a consisté à ingérer un complément alimentaire à base de 17-HDHA et de 18-HEPE et a permis de réduire l’intensité de la douleur, d’améliorer l’humeur et, plus généralement, d’améliorer la qualité de vie. Ainsi, les prérésolvines constitueront peut-être une nouvelle classe d’antidouleurs pour traiter la douleur arthrosique notamment.Un grand potentiel thérapeutique à explorer

Au-delà de leur effet antidouleur puissant, les prérésolvines, les résolvines, les protectines et les marésines sont particulièrement prometteuses dans le cadre des maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer et Parkinson (22-24), mais également des maladies cardiovasculaires (25, 26) : elles préviennent ou atténuent leurs symptômes, voire en ralentissent la progression, en réduisant notamment l’inflammation chronique qui leur est associée. Les oxylipines dérivées du DHA et de l’EPA pourraient permettre aussi de prévenir ou de lutter contre la dépression (27, 28).016 ;



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Auteur carole minker
Source alternative sante
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