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LE TEMPS S'EST ARRÊTÉ

Le temps s'est arrêté. La mémoire est aride.
Le souvenir perdu ne creuse plus sa ride.
Sous le sourcil chenu, ne reste que l'œil vide
La lèvre tremble un peu ; le front est impavide.

La main blanche est tendue vers un autre horizon
Mais les rêves d'enfant y trouvent leur prison.
Qu'importe, désormais, le jour qui passe. Et l'âge.
L'esprit s'est égaré dans son propre voyage.

La famille est venue... Ce doit être dimanche...
Il ne les connaît plus. Il est comme une branche
Qui a quitté son tronc, emportée par la brise
Qui chasse le passé quand le cœur est banquise.

Chacun cache sa larme et fait semblant encore.
Le sourire est un mur que le chagrin décore.
Et puis l'heure est déjà de s'en aller.. enfin.
Il reste seul, alors, en attendant la fin.

On lui parle. Il entend. Mais il n'écoute pas.
Devant lui, une blouse a posé son repas.
D'un geste machinal, il saisit la fourchette.
Son visage est figé. Son cœur pleure en cachette.

Qui sont ces gens polis qui sont venus le voir,
L'ont appelé "Papy" et répartis au soir ?
Il ne les connaît pas. Il ne les connaît plus.
Un grand garçon tout maigre et des enfants joufflus...

"Ce doit être une erreur !" dit-il en grignotant.
Puis revoilà la blouse, entrée en chuchotant :
"Ce n'est pas bien, Papy... Vous n'avez rien touché !"
Et en un tournemain, voilà Papy couché...

Tic tac fait le réveil, cet ami dérisoire,
Dernier témoin qui peut raconter son histoire.
Par la fenêtre il pleut. C'est la fin de l'été.
Et la nuit, tout à coup... Le temps s'est arrêté.

Guy DELVIG (15/10/2024)

Tres beau texte , touchant ....sur la solitude , la mort non?

et la vieillesse, la perte de mémoire...

oui c'est çà , c'est tres chouette , merci cath ....la vieillesse on l'a vit tous differemment

splendide, merci Cath !