On parle souvent du bonheur, mais on parle plus rarement du bonheur qu’on peut trouver dans une situation malheureuse.
Ça semble tellement contraire. Des réalités opposées. Et pourtant, ce n’est pas toujours le cas.
Je me souviens du jour où je suis rentrée de l’école en maudissant la mondialisation et tous les malheurs qu’elle apportait dans notre société de consommation. J’ai été surprise de me frapper à un accueil mitigé de la part de mon père qui m’a fait comprendre qu’il y a toujours deux côtés à la même médaille. J’ai appris ce jour-là qu’il n’existe pas une situation toute blanche ou toute noire.
Plus récemment, j’ai vécu un évènement troublant qui m’a ouvert les yeux sur la sagesse de cet enseignement.
Je suis présentement dans les dernières semaines de ma première grossesse. J’imaginais cette période comme un beau moment de complicité mère-enfant et de communion avec mes sens. Étant active et en santé, je me voyais continuer le yoga, mon boulot que j’adore, cuisiner de bons petits plats et finalement accoucher naturellement à la maison de naissance.
Les choses se sont passées différemment. Dès le début de ma grossesse, nous avons su que notre fille était un petit bébé et nécessitait un suivi plus assidu à l’hôpital. Au sixième mois de grossesse, la croissance s’est interrompue et les médecins nous ont laissés présager les pires scénarios ; maladies génétiques, virus, malformation. Pendant 1 mois, nous avons passé tous les tests imaginables pour comprendre ce qui affligeait notre enfant.
Un mois difficile.
Il y a certains évènements qui nous font comprendre que nous ne sommes pas toujours à la barre de notre bateau et que les courants peuvent nous happer sans prévenir. Un mois d’inquiétudes et d’incertitudes.
Et pourtant.
C’est ici que je reviens à mon histoire de médaille, de noir et de blanc.
En effet, malgré tous les sentiments négatifs qui nous affligeaient, ce fut aussi un mois d’amour et de communion. Un mois de soutien et de communication. Un mois où notre couple a déployé ses ailes comme il ne l’avait encore jamais fait et où le meilleur de chacun s’est manifesté. Le meilleur de mon compagnon, une partie de lui que je soupçonnais, mais que je n’avais pas encore vue briller à son plein potentiel. Un soleil qui brillait tous les jours à mes côtés dans cette situation troublante. Une situation que je n’aurais jamais souhaité vivre et que je n’avais jamais envisagée. En souhaitant avoir un enfant, je le voyais en santé, beau, intelligent, rempli de caractère et de fougue. On n’envisage pas les autres options. Et pourtant, malgré l’horreur de la situation, nous réalisions que nous étions chanceux. Chanceux d’être ensemble pour traverser cette épreuve, chanceux d’avoir trouvé une personne aussi exceptionnelle avec qui partager notre vie. Mais aussi, chanceux d’être si bien entourés par nos familles et nos amis. Nous avons reçu une déferlante d’amour qui nous a aidés à voguer plus doucement sur la situation. Dans la peur de perdre cet enfant qui avait déjà une place dans nos vies et dans nos cœurs, nous avons découvert la solidité de nos liens et la force de notre amour. Nous regardions la vie différemment. Malgré les moments de profond chagrin qui nous assaillaient parfois, nous étions heureux.
Après quatre semaines de tests et de rencontres à l’hôpital, tous les résultats sont revenus positifs. Notre fille est en santé et sa croissance a repris. Nous avons eu l’impression de nous remettre à respirer. Miracle. Soulagement.
La grossesse ne s’est donc pas du tout déroulée comme nous l’avions rêvée. Pourtant, je suis reconnaissante d’avoir eu à traverser tout ce chemin. J’ai compris que nous sommes au volant de notre vie, mais, jamais à l’épreuve des intempéries. J’ai découvert l’homme qui m’accompagne sous un nouveau jour, notre complicité s’est encore développée. J’ai compris à quel point nous étions entourés et aimés. Je me suis sentie forte dans un grand moment de faiblesse.
Ainsi, un malheur peut cacher un bonheur. Peut-être se trouve-t-il des paillettes à l’endos de l’un de vos pires cauchemars. Regarder l’envers de la médaille peut être vraiment bénéfique. Je dois dire que c’est en disant merci à mon amoureux et en l’entendant me remercier d’être la personne que je suis que j’ai pu ouvrir mon cœur aux beautés qui se cachaient derrière notre malheur.
Peut-être le secret réside-t-il dans la gratitude. On parle souvent de la gratitude. Du bonheur aussi. Et je vous laisse maintenant associer ces deux concepts à de nouveaux mots comme difficultés, peurs, tristesse. Trouver au fond de nous une parcelle de gratitude en ces instants de détresse peut faire briller la vie d’un éclat différent. Ça ne résout pas le problème, ça l’éclaire différemment.
Marie-Sophie Bertrand
Source myvirtualyoga
