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Le radeau de la méduse

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Le Radeau de La Méduse est une peinture à l'huile sur toile, réalisée entre 1818 et 1819 par le peintre et lithographe romantique français Théodore Géricault. Son titre initial, donné par Géricault lors de sa première présentation, est Scène d'un naufrage.



Le 2 juillet 1816, la frégate La Méduse s'échouait au large de la Mauritanie. Commençait alors un naufrage stupide, auquel succède la tragique et macabre odyssée du radeau immortalisé par le peintre Géricault.

Juin 1816 : la « division du Sénégal » [1] est créée pour reprendre possession des comptoirs et établissements que la France possédait, notamment au Sénégal, avant les guerres de la Révolution et de l'Empire. Composée de la frégate* La Méduse, de la corvette L'Écho, du brick L'Argus et de la gabarre La Loire, elle appareille le 17 juin pour rejoindre Saint-Louis et le cap Vert avant la mousson. Le surlendemain, La Méduse et L'Écho distancent les deux autres navires, et les perdent de vue.

Chargée de transporter le personnel administratif nécessaire au fonctionnement de la colonie, La Méduse a également à son bord les soldats d'un bataillon d'infanterie de marine, qui doivent assurer la défense de Saint-Louis, ainsi que leurs compagnes, qu'on appelait alors des « femmes de troupe ». Le capitaine de la frégate, Duroy de Chaumareys, a émigré comme enseigne de vaisseau en 1792 et n'a pas exercé de commandement en mer depuis vingt-cinq ans !

Fervent royaliste, il traite dès le départ ses subordonnés avec morgue, ne leur fait jamais confiance et préfère s'entourer des conseils d'un passager du nom de Richefort, qui prétend connaître la côte d'Afrique. A bord embarque aussi le colonel Schmaltz, nommé gouverneur du Sénégal.

Après une escale à Ténériffe, on approche de la côte africaine. Chaumareys, qui sait à peine faire le point, a déjà commis une erreur d'un degré, soit 110 kilomètres... Il va en faire une seconde, plus grave de conséquences : le 1er juillet à vingt heures, il croit avoir reconnu le cap Blanc au nord-ouest de la Mauritanie, alors que celui-ci est encore à 30 kilomètres. Désormais, tout se déroule selon un enchaînement fatal. Se croyant beaucoup plus au sud, Chaumareys est persuadé d'avoir dépassé le banc d'Arguin, situé au sud-ouest du cap Blanc, et dont les hauts-fonds sont la terreur des marins... Dans la matinée du 2 juillet, sur les conseils de Richefort, il met donc le cap vers le sud-est, croyant se diriger vers l'embouchure du Sénégal.

Mais, dès le lever du jour, la mer, jusque-là bleue, prend une teinte gris-vert, et sa température monte brusquement de 15 degrés à 22 degrés. Des traînées d'algues flottent à la surface. Des nuées d'oiseaux tournoient dans le ciel et plongent dans l'eau. Les marins attrapent quantités de poissons. Chaumareys s'obstine pourtant, et interdit de sonder, pour ne pas perdre de temps. Vers quinze heures, devant l'inquiétude grandissante de l'équipage, deux officiers décident de contrevenir aux ordres et de sonder, ce qui donne 18 brasses, puis 10, puis 6... Chaumareys, qui commence tout de même à percevoir un danger, donne alors l'ordre de changer de cap. Mais il est trop tard, et la frégate, qui court vent arrière à son allure la plus rapide, se jette de toute sa force sur un haut-fond.

« Anéantis, pétrifiés, hideux »

Les voiles une fois abattues, un silence de mort règne sur le pont. La stupeur s'empare des passagers et de l'équipage. Deux rescapés, l'ingénieur géographe Corréard et le chirurgien Savigny, qui rapportent cette scène dans le style fleuri de l'époque, décrivent les visages « anéantis, pétrifiés, hideux » des passagers et ajoutent : « Il semblait que la terrible Gorgone, dont nous portions le nom, était passée devant eux ! »

Le plus frappé de tous est sans doute Chaumareys. Il s'en remet dès lors complètement à Schmaltz, qui perd un temps précieux en manœuvres inutiles. La mer est pourtant encore belle et la frégate aurait pu être remise à flot par des marins bien dirigés... Dans la nuit du 5 juillet, la tempête se lève, les ancres cèdent l'une après l'autre et, au petit jour, le navire est jeté sur le récif par une énorme vague. Le lourd gouvernail, agissant comme un bélier, brise le plateau arrière. En quelques heures, le navire prend l'eau de toutes parts.

Malheureusement, il n'y a pas assez d'embarcations pour évacuer les quelque quatre cents marins, soldats et passagers : la frégate ne dispose que de quatre canots, ainsi que d'une chaloupe et d'une yole [2] pour remonter le fleuve Sénégal. Schmaltz décide alors de faire construire un invraisemblable radeau au moyen de mâts sciés, de planches de récupération et d'énormes cordages. Cette « machine » longue de quinze mètres et large de huit doit être remorquée jusqu'à la côte d'Afrique, toute proche, par les six autres embarcations. Telle est du moins la promesse solennelle qui est faite aux passagers et à l'équipage.

Désespoir et cannibalisme

La liste de ceux qui prendront place dans les sept embarcations, établie par Schmaltz, Chaumareys et Richefort, est lue aux hommes rassemblés sur le pont, par l'officier en second. Une fois les canots alignés le long du bord, l'évacuation peut commencer. Malgré un indescriptible désordre, l'ordre de préséance est respecté : le gouverneur Schmaltz exige d'être descendu à bord de son canot dans un fauteuil, suspendu à un palan. Sa famille a droit aux mêmes égards.

Les six embarcations transportant les personnages importants sont assez peu chargées, alors que le radeau, où ont pris place la plupart des bataillonnaires, s'enfonce sous le poids de ses passagers, qui ont de l'eau jusqu'à la ceinture. Dix-sept marins et soldats refusent obstinément de quitter l'épave. Chaumareys, quant à lui, est depuis longtemps installé dans son canot, en tête du convoi...

Le remorquage du radeau commence. L'énorme masse remue à peine et prend de plus en plus l'eau. C'est alors que le drame se produit. Deux heures après avoir quitté l'épave, en ce matin du 5 juillet, la remorque qui relie le radeau au dernier canot de la file casse sous la violence des vagues, ou à la suite d'une fausse manœuvre. Selon d'autres témoignages, elle est « larguée » volontairement. On ne saura jamais la vérité, et le procès qui aura lieu à Rochefort n'élucidera pas ce point capital. Toujours est-il que les six embarcations soulagées de leur encombrant fardeau reprennent leur route, se séparant les unes des autres, avant de disparaître définitivement à l'horizon.

Sur le radeau, les cent quarante-sept naufragés sont tellement serrés qu'ils ne peuvent s'asseoir. Dès la première nuit, le vent souffle en tempête : certains sont projetés par-dessus bord, d'autres ont les jambes brisées entre les poutres mal jointées, ou se noient volontairement. Deux groupes se sont d'ailleurs formés : celui des officiers et fonctionnaires, qui ont gardé leurs armes et occupent la partie la moins immergée du radeau au centre, laissant les extrémités aux soldats et assimilés, désarmés par mesure de précaution avant de quitter La Méduse.

Dès la première nuit, la plupart des barriques d'eau et de vin sont emportées par les vagues balayant le radeau. La provision de biscuits de mer, seule nourriture embarquée, est terminée en vingt-quatre heures.

Les officiers et fonctionnaires auraient-ils cherché à se débarrasser des passagers en surnombre ? Il est difficile de faire toute la lumière sur ce point. Quoi qu'il en soit, dès la deuxième nuit, une « rébellion » éclate, et est noyée dans le sang. Au lever du jour, on comptera soixante-neuf cadavres, tous parmi les soldats. Quelques jours plus tard, une deuxième « révolte » fait plus de trente morts, toujours parmi les « mutins ». Au bout d'une semaine, il ne reste plus à bord de la sinistre machine que trente survivants. Sous l'empire de la nécessité, ils se sont mis à manger les cadavres de leurs victimes, d'abord crus puis en fines tranches salées et séchées qu'ils suspendent aux cordages...

Il y a encore trop de bouches inutiles et plus assez d'eau et de vin à se partager. Un dernier « conseil de guerre » se réunit et décide que douze naufragés sont trop faibles pour survivre : ils sont donc jetés à la mer... Lorsque le surlendemain, le 17 juillet, L'Argus retrouve enfin le radeau, on ne dénombre plus que 15 survivants à bord... Cinq d'entre eux mourront d'épuisement peu après leur arrivée à Saint-Louis.

Quant aux dix-sept naufragés demeurés sur l'épave de La Méduse, ils ne sont plus que trois quand on les secourt enfin, le 26 août, cinquante-deux jours après le naufrage. Hâves, les yeux brillants de fièvre, véritables cadavres ambulants, ils s'enfuient apeurés dans les profondeurs du navire à l'apparition de leurs sauveteurs.

Dès le retour de L'Écho, qui ramène en France les naufragés de La Méduse, la tragédie connaît un retentissement immense. Le ministre de la marine est obligé de démissionner. Jugé en conseil de guerre à Rochefort, Duroy de Chaumareys est condamné à la dégradation militaire et à trois ans de réclusion dans le fort de Ham, où il est interné de 1817 à 1820. Dans le château de Lachenaud où il se retire ensuite, en Limousin, il endure encore vingt-cinq années d'expiation, victime de l'hostilité que la population des villages voisins lui manifeste jusqu'à sa mort.

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Analyse du tableau le Radeau de la Méduse peint par Géricault

Nous remarquons directement la construction pyramidale.

Presque tous les personnages vivant du tableau ont le corps tourné vers celui qui tente de se dresser sur le tonneau tout en secouant un bout de linge à bout de bras.Une personne s’accroche à lui pour essayer de le faire tenir sur le tonneau. Une autre s’accroche à celle qui aide pour que lui même ne tombe pas. On voit même qu’il s’y accroche de toutes ses forces, ce qui montre l’importance de l’entreprise.



Les trois figures sur le côté le regardent avec espoir et anxiété. Il y en a même une qui prie.



Le geste du jeune homme est copié par un deuxième mais qui est situé plus bas.



Le jeune homme sur le tonneau est donc celui qui a le plus de chance d’être vu, c’est pour ça que la plupart des autres placent leurs espoirs en lui.



Ce personnage cache peut-être une valeur symbolique. Il incarne l’espoir et il y en a même un qui se tourne vers lui pour prier afin qu’il accomplisse le miracle, celui d’être vu par le bateau et donc de les sauver. Cet homme fait donc figure de messie.



Ce rôle important est tenu par un métis.



L’artiste a peut-être fait cela pour montrer son opposition à l’esclavage, pour montrer que le salut de l’homme réside dans l’alliance et non dans des rapports de domination.





Les bras tendus constituent des axes de la construction pyramidale. Mais s’ils semblent tendre vers le jeune homme, ils pointent en fait vers l’horizon comme le bras tendu situé à droite le prouve.Mais l’homme tend-il vraiment le bras pour montrer l’horizon, ou fait-il un geste pour se dégager de la personne qui meurt sur lui ?

Par rapport à la disposition des corps, nous pouvons remarquer qu’il y a une progression.



Les personnes mortes sont disposées au bout du radeau, donc au plus près des spectateurs, les personnes qui faiblissent sont au milieu et celles qui ont le plus d’énergie sont au fond.



On peut d’ailleurs remarquer la qualité technique du peintre avec le cadavre de droite. La transparence du vêtement qui le recouvre et en même temps qui nous fait découvrir son anatomie est incroyable !
En plus je trouve ça ingénieux d’avoir disposé son corps à moitié sur le radeau et à moitié dans l’eau.

Cela peut rappeler que c’est la mer qui l’a tué et donc le danger qu’elle représente.



Mais pour moi la disposition du corps évoque quelque chose de beaucoup plus intéressant.



En le mettant à moitié sur le radeau et à moitié dans l’eau, le peintre a peut-être voulu montrer le passage du monde réel à celui de l’au-delà.



Le bas du corps est encore sur l’épave ce qui rappelle ses origines humaines, mais sa tête et donc son esprit sont déjà ailleurs.



Nous pouvons d’ailleurs imaginer que le vêtement qui couvre son visage agit comme un voile, il représenterait alors le mystère de la mort.





La présence des cadavres a deux fonctions. Elle montre l’horreur de la scène mais elle donne aussi une durée du calvaire.





Nous voyons également la voile gonflée du mât et derrière elle une énorme vague.



La proximité des deux crée un effet incroyable !
La voile entraine le radeau vers la vague en même temps que celle-ci arrive.

Le moment où elle va les percuter est donc imminent.

La mort n’est peut-être qu’à quelques secondes d’eux. Ils vont être emportés avant d’avoir pu être vus par le navire au loin.
Mais s’agit-il vraiment d’un bateau ?



Nous percevons juste une forme au loin. Il peut s’agir d’un navire comme d’un nuage à l’allure particulière.



Et même si c’en est un, comment l’équipage peut-il les voir à une telle distance ?



En évoquant à peine le bateau, Géricault donne beaucoup de force à la scène. Il semble y a avoir un navire, ce qui constitue un espoir incroyable pour les passagers du radeau. Ce bateau représente la fin de leurs souffrances, le seul moyen d’échapper à la mort. On imagine donc à quel point ils sont content de voir cette forme et tout l’espoir qui ressentent.



Mais nous venons de le dire, c’est à peine une forme. Ils placent tous leurs espoirs dans un fait improbable, qui relèverait du miracle.





Il nous reste à parler des trois personnages au centre du radeau.

Il nous reste à parler des trois personnages au centre du radeau.
Il y en a un qui est assis et qui tient sa tête avec les deux mains. La crispation de ses mains et l’expression de son visage montre ce qu’il ressent. Il est en plein cauchemar ! Il est désespéré et son désespoir ressemble presque à de la folie. Le pire c’est qu’il est tellement obnubilé par le malheur qui les frappe qu’il ne voit pas la lueur d’espoir qui se trouve à côté de lui. Il est en état de choc.



Son attitude contraste avec celle des deux personnages près de lui.



D’abord avec celle de l’homme métisse. Celui-ci tient un corps et il regarde de l’autre côté du radeau.

Mais que regarde-t-il ? Il a peut-être tourné la tête parce qu’il ne supporte plus la vue du cadavre qu’il tient, à la place il voit l’homme en train de mourir sur un autre. D’un côté il y a la mort, pour l’autre ce n’est qu’une question de temps. A la fin le décor sera partout le même.



Peut-être son regard est-il attiré par la source d’agitation. Il a entendu qu’il se passe quelque chose, il veut peut-être les rejoindre pour participer à l’effort. Mais la façon dont il tient le corps laisse supposer qu’il connaissait cette personne. Il est tiraillé entre l’envie d’aider pour essayer de sauver sa vie et le fait d’abandonner le corps d’un proche, au risque qu’il se fasse emporter par la mer.



Le dernier personnage est pour moi le plus énigmatique.

Il est au bout du radeau avec les cadavres et il tourne le dos à ceux encore vivant.

C’est la seule personne âgée présente sur le radeau.

Il tient le corps d’un homme jeune.



Son attitude est incompréhensible : il n’est pas horrifié par ce qu’il voit, il n’est pas pris de chagrin, il n’est pas intéressé par l’espoir naissant. Il a l’air simplement pensif.



J’ai cherché une réponse dans le livre cité plus haut sans succès. Aucun passage ne parle d’un père qui a perdu son fils.



J’ai alors consulté internet pour savoir comment d’autres l’analysaient.



J’ai trouvé partout la même réponse : c’est un père qui a perdu son fils.



Je peux le concevoir. Il tournerait alors le dos au vivant car pour lui vivre n’a pus de sens depuis la mort de son enfant. Il ferait alors la transition entre la mort et la vie qui partagent le radeau.





Mais la réponse ne me satisfait pas.



S’il tient vraiment le corps de son fils, pourquoi n’est-il pas en train de pleurer ? Ou de perdre la raison comme l’homme derrière lui ?



Nous pouvons imaginer qu’il y a du temps entre la mort de son enfant et le moment représenté, les lamentations ont passé.



Mais la peine peut-elle vraiment cesser ?



S’il ne pleure plus, pourquoi ne sert-il pas le corps de son fils ? Il n’a aucune attitude affective.



Il est totalement détaché de ce qu’il se passe, il est pensif voire méditatif.





Je ne sais pas quoi penser de ce personnage.
Source comprendre lapeinture

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