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Psychologie : Pardonner

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Qu'est-ce que le pardon ?

D’un point de vue étymologique, le pardon provient du latin perdonare et désigne l’action de « donner complètement ».

Au-delà de l’aspect étymologique, le pardon reste difficile à définir.
Pour Aubriot, le pardon se fonde « sur une grâce, contingente mais totale, substituée à une conséquence (le châtiment) estimée normale et légitime d’une faute ou d’une offense clairement reconnue ».

Pour la psychologue Robin Casarjian, le pardon est « une attitude de responsabilité du choix de nos perceptions, une décision de voir plus loin que la personnalité de l’offenseur, un processus de transformation de nos perceptions […] qui nous transforme de victime en co-créateur de notre réalité. »

Le psychologue Jean Monbourquette préfère définir le pardon par ce qu’il n’est pas : oublier, nier, commandé, excuser, une démonstration de supériorité morale, une réconciliation.
Valeurs thérapeutiques du pardon

La psychologie contemporaine reconnaît de plus en plus les valeurs thérapeutiques du pardon, même si cela reste encore assez marginal : en 2005, le psychiatre français Christophe André confessait que « tout cela est assez pionnier mais le pardon a désormais sa place en psychologie. Sur les dix mille psychiatres français, nous sommes encore qu’une centaine peut-être à nous référer à ce courant de psychothérapie humaniste apparu il y a vingt ans, aux États-Unis ».

Une offense, qu’il s’agisse d’une insulte, d’une agression, d’un viol, d’une trahison ou d’une injustice atteint la personne offensée dans son être psychique et entraîne une blessure affective profonde débouchant sur des sentiments négatifs (colère, tristesse, rancune, désir de vengeance, dépression, perte d’estime de soi, incapacité de concentration ou de création, méfiance, culpabilité, perte d’optimisme) à l’origine d’un mauvais état de santé psychique et physique.

Dans Guérir envers et contre tout, le docteur Carl Simonton démontre la relation causale qui relie les émotions négatives à la genèse de cancers.

Le psychiatre israélien Morton Kaufman a découvert que le pardon conduisait à une plus grande maturité émotive tandis que le psychiatre américain Richard Fitzgibbons y a trouvé une réduction de la peur et le psychiatre canadien R. Hunter une diminution de l’anxiété, de la dépression, de la colère intense et même de la paranoïa.

Enfin, le théologien Smedes pense que la libération du ressentiment est souvent imparfaite et/ou qu’elle peut prendre des mois ou années à se faire. Le simple fait de dire « Je te pardonne » est typiquement insuffisant, même si cela peut constituer une étape importante de mise en route, de démarrage vers le véritable pardon.
Les étapes du pardon

Luskin a défini un cadre du processus thérapeutique du pardon :

le pardon suit le même processus quel que soit l’offense concernée ;
le pardon concerne la vie présente et non le passé de l’individu ;
le pardon est une pratique continue appropriée à toutes situations.

Pour les auteurs Enright et Freedman, la première phase du processus est de nature cognitive : la personne décide qu’elle souhaite pardonner pour une raison ou une autre. Elle peut croire par exemple que cela sera bon pour sa santé ou son couple.

Au cours de cette étape, elle ne ressent typiquement aucune compassion envers l’offenseur. Puis, après un certain temps de travail cognitif, la personne entre dans la phase émotionnelle où elle développe petit à petit une empathie pour l’offenseur en examinant les circonstances de vie qui ont pu amener ce dernier à commettre l’injustice qu’elle a subie. Le pardon débuterait réellement à cette étape où l’empathie, parfois même la compassion, apparaissent pour remplacer la rancœur et la haine.

Au stade ultime, aucune émotion négative ne refait surface lors de la mention ou du souvenir de la situation offensante.
Modèle d’intervention pour pardonner

En 1985, un groupe de psychologues, affilié à l’université du Wisconsin initie une réflexion sur la place du pardon dans l’entreprise psychothérapeutique. Elle propose un modèle d’intervention découpée en 4 phases et utilisée avec succès par de nombreux psychologues.

Phase 1 – Redécouvrir votre colère

Comment avez-vous évité de confronter votre colère ?

Avez-vous fait face à votre colère ?

Avez-vous peur d’exposer votre honte ou culpabilité ?

Votre colère a-t-elle affecté votre santé ?

Avez-vous été obsédé en rapport à la blessure ou l’offenseur ?

Comparez-vous votre situation avec celle de l’offenseur ?

La blessure a-t-elle causé un changement permanent dans votre vie ?

La blessure a-t-elle changé votre vision du monde ?

Phase 2 – Décider de pardonner

Décidez que ce que vous avez fait n’a pas marché.

Soyez prêt à commencer le processus de pardon.

Décidez de pardonner.

Phase 3 – Travailler sur le pardon.

Travaillez à la compréhension.

Travaillez à la compassion.

Acceptez la souffrance.

Faites un cadeau à l’offenseur.

Phase 4 – Découverte et libération de la prison des émotions

Découvrez le sens de la souffrance.

Découvrez votre besoin de pardon.

Découvrez que vous n’êtes pas seul.

Découvrez le but de votre vie.

Découvrez la liberté du pardon.
Les citations du pardon

« La haine révulse les chics types, elle n’intéresse pas les esprits chimériques qui n’en ont que pour l’amour, jumelle présumée, l’enfant gâtée du public. […] La haine ([…] cette puissance motrice, douée d’une force à la fois rassembleuse et énergisante) sert d’antidote à la peur, qui rend impuissant. Elle redonne courage, invente de l’impossible, creuse des tunnels sous les barbelés. Si les faibles ne haïssaient pas, la force resterait éternellement à la force. Et les empires seraient éternels » Debray, 2003

« Le pardon nous permet de commencer à accepter et même d’aimer ceux qui nous ont blessés. C’est la dernière étape de la libération intérieure » Jean Vanier

« Comme d’autres enseignent à leurs élèves à jouer du piano ou à parler chinois. Petit à petit, nous voyons les gens fonctionner mieux, devenir de plus en plus libres, mais cela marche rarement par déclic. Souvent le pardon agit avec un effet retard… on les revoit six mois, un an après, et ils ont sensiblement changé… l’humeur est meilleure… il y a une amélioration des scores d’estime de soi. » De Sairigné, 2006.

Rédaction : PasseportSanté
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