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Conte de noel : L’ENFANT AU POTIER

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La campagne était toute de neige autour du bourg de Bethléem, et les cubes blancs des maisons prenaient des teintes laiteuses parmi cette surnaturelle pureté.

Le ciel bombait au-dessus, comme un grand bocal d’un bleu pâle et translucide. Il y avait dans l’air une joie paisible comme si des anges venaient d’y passer.

A la vérité, des anges l’avaient traversé la nuit précédente. Jésus étant né, cette nuit-là, dans une grotte des environs, ils avaient chanté, devant un groupe de bergers d’abord, au-dessus de la grotte ensuite, un beau chœur à plusieurs voix dont le refrain est demeuré célèbre : » Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté. »

La nouvelle du miracle s’était répandue dans les maisons du bourg, et circulait sous le manteau, accueillie ici avec joie, là par des haussements d’épaules.

La fin de la classe du matin venait de lâcher les enfants dans les rues. Sur la placette, autour de la fontaine, beaucoup s’attardaient à bavarder, en petits groupes mystérieux et animés. La glissoire en pente luisait comme un marbre sombre, délaissée.

– Bien sûr que c’est vrai ! dit un gamin dont les yeux noirs étincelaient d’enthousiasme. Le père de Lévi doit le savoir, je suppose, puisqu’il y était !

-Mon père ne veut pas y croire, répliqua sans conviction un enfant mieux vêtu que les autres. Mon père est savant. Il doit avoir ses raisons. Mais j’aimerais mieux que ce soit vrai.
– Tiens ! intervint un troisième, pourquoi ne serait-ce pas vrai ? Ils étaient huit à aller à la grotte cette nuit, et tous racontent la même chose. Ils ont vu un ange, je vous dis, ils ont entendu le chant, ils ont vu l’Enfant et sa Mère. angel-1042546_1920
– Mon père prétend que le Messie sera un Roi, objecta un autre. Alors, cet enfant pauvre ?…
– Oui, mais ces anges ? Est-ce qu’ils viennent chanter autour de notre maison, quand nous recevons un petit frère ou une petite sœur ?
– Mais… si on allait voir ? proposa quelqu’un. Je connais la grotte.
– Moi aussi, je la connais. – Moi aussi !
– Nous y avons joué l’été dernier, tu te rappelles, Ruben ?
– Allons-y ! Allons-y!
– Chut ! il ne faut pas que nos parents le sachent… On n’a pas le temps maintenant. I1 est presque midi. Et à une heure sonne la cloche de l’école.

– On ira après la classe, à trois heures ! D’accord? Mais… le secret, hein !
– Va-t-on se rassembler ici ?
– Oui, mais nous partirons ensuite en petits groupes, glissant et jouant, et pas par les mêmes rues. Nous nous réunirons sur la route d’Engaddi.

Élie, le fils du potier, n’était pas du nombre des conspirateurs.

– Vous savez bien que maman est malade. Je ne puis m’absenter si longtemps.
Et, montrant sa cruche :
– Je dois aller acheter du sirop pour adoucir le lait battu. D’ailleurs, dans une heure il fera sombre. Et mon père ne veut pas que je cours la rue le soir.
– Voyons, Élie ! Ta mère attendra bien un peu. Nous serons de retour avant une heure. Tu diras…
– Fi ! interrompit Elie en les écartant. Je ne veux pas mentir. Je ne veux pas être désobéissant.
Et il s’en alla. Ses compagnons le suivirent du regard, à la fois étonnés et un peu dépités.
Puis, haussant les épaules: » On ira sans lui ! » dit le plus grand de la bande. Et les groupes s’égaillèrent, pour se retrouver dans la campagne.

Élie avait bien du chagrin. Aucun de ses petits amis, bien sûr, ne désirait autant que lui cette visite à l’Enfant merveilleux. Quand il avait entendu le berger dire au potier : » Crois-moi, potier, cet Enfant-là est le Messie promis à Israël, „ il avait senti la foi de cet homme pénétrer en lui. Et elle avait occupé sa pensée et son coeur toute la journée. Ses camarades verraient. Lui, il n’avait que son beau désir, qui devenait de plus en plus douloureux.
Mais sa conscience lui disait : » Obéis … Pouvait-il mieux recevoir le message du salut qu’en observant la Loi sainte ?

lights-682434_1920Il fit remplir de sirop sa cruche à la confiserie, et rentra en hâte, pour servir sa mère.

Le crépuscule peu à peu emplissait la maison. Élie alluma la petite lampe à huile. Le potier sortit de son atelier et vint s’asseoir sur un escabeau près de sa femme alitée, qui toussait. L’enfant était rêveur. Ses petits compagnons devaient maintenant se presser dans la grotte visitée par les anges… Mais maman est malade, je veux rester près d’elle…

Il s’assit à son tour près de la lampe, et essaya de repasser ses leçons pour le lendemain.
Après le souper et la prière du soir, Élie s’en fut se coucher. Il eut beaucoup de peine à s’endormir. Sa pensée voyageait du lit de sa mère à la crèche de l’Enfant. Puis peu à peu elle s’obscurcit, se voila, s’éteignit dans le sommeil.

Mais soudain, sans que la porte se fût ouverte, un homme se tint debout dans la petite chambre. Un ouvrier, eût-on dit, vêtu d’un manteau brun à capuchon.
I1 avait une belle barbe grisonnante, et des yeux très doux. A la main il tenait un bâton de marche, qui lui venait jusqu’à l’épaule. Une lueur étrange, comme un peu de clair de lune, blanchissait autour de sa tête. Il se pencha sur Élie qui s’était dressé sur son séant et il lui dit avec bonté :
– » Viens, je te conduirai à la grotte. »

Sa voix était persuasive. L’enfant mit sa petite main dans la large paume calleuse du visiteur.
Et sans qu’il sache comment cela s’est fait, Élie se trouve dehors, habillé et chaussé, trottant à côté de son guide, par les rues endormies de Bethléem, puis dans la campagne solitaire, où la neige se bleute à la clarté d’étoiles grosses comme des pêches. Il a confiance, il se sent tout léger et joyeux. De temps en temps, il lève vers son ami ses beaux yeux bleus, comme pour l’interroger: » Est-ce encore loin ? »

Là-bas, au flanc d’une colline, juste au dessous d’une étoile plus belle et plus grande que les autres, se creuse, dans la blancheur, un trou sombre vaguement éclairé d’une lumière rose.
» C’est là, dit l’homme. Ils entrent. »

I1 n’y a pas de lampe allumée. Mais une douce clarté monte d’une mangeoire d’animaux, emplie de paille, où dort, enveloppé de langes, un petit enfant. Une jeune femme est agenouillée à droite de cette crèche. L’homme qui vient d’entrer, après avoir déposé son bâton et ôté son manteau, s’agenouille à gauche. Derrière, dans une pénombre luisante de paille, un âne et un bœuf avancent leurs têtes débonnaires.

Élie tombe à genoux en joignant les mains. Quel bonheur ! Voilà donc l’Enfant annoncé. C’est le Sauveur d’Israël !

La mère, détachant son regard du bébé, sourit au petit visiteur.
Élie récite tout haut toutes les prières qu’il sait. Il lui semble qu’il n’a jamais prié ainsi.
Sa voix cristalline a éveillé l’Enfant qui le regarde et lui sourit. Aussitôt, très lointaines et très proches, des voix d’anges invisibles chantent en chœur : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté! »

Une immense vague de joie emporte l’âme du petit Élie. Il n’y a plus rien autour de lui que de la lumière, une lumière qui a un goût de miel et une odeur de roses.

– Élie ! Élie ! Lève-toi ! Il fait grand jour.
Elie ouvre les yeux. Il est dans son lit. Un peu de soleil tombe de la lucarne sur ses couvertures.
Qui l’a appelé ?
C’est sa mère. Elle entre dans la chambre ; elle n’est plus pâle ; elle a l’air rayonnant.
– Vite, mon petit, ton déjeuner est prêt. – O maman, tu n’es plus malade ?
– Non, mon chéri. Je me suis sentie guérie, subitement, à mon réveil. Je ne m’explique pas cela. Mais je bénis le Seigneur.
Élie se tient debout, en chemise, sur son lit. Il tombe dans les bras de sa mère :
– Maman, cet Enfant dont nous a parlé le berger, je l’ai vu ! C’est le Sauveur d’Israël ! C’est Lui qui t’a guérie ! …

A son père et à sa mère, Élie a raconté son beau rêve.
Et le soir de ce jour-là, tous trois sont allés adorer l’Enfant Jésus dans la grotte. Ils y ont trouvé tout comme Élie l’avait décrit.

Et Élie a offert à la Sainte Vierge, de la part de ses parents, une belle cruche à lait, la plus belle que le potier n’eut jamais réussie, et qu’il avait toujours gardée comme un ornement sur le bahut de la cuisine

Source : maman vogue
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